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5 mai 2013 7 05 /05 /mai /2013 10:00


Ne te réjouis pas

C'est vrai, mes yeux sont rouges,

Mais c'est que les embruns ont frappé mes paupières...


 

Ma mère cachait ses yeux gonflés

Mes petits frères avalaient lentement l'eau maigre de leur soupe.

Le vieux soc de mon père s'émoussait

Sur la multitude des pierres

 

Le dieu de ces landes désolées

T'a depuis longtemps oubliée,

Ma terre.



Les murmures de tes bruyères

Vibraient dans les harpes de nos pères

Insufflaient l'espoir sous nos peaux

Elargissaient les coeurs

Jusqu'à nos manches retroussées

Comme tu nous trompais! Oui, tu mentais

L'alcool servait à te faire taire

Ma terre.



La sueur des hommes au travail

N'a fait germer que le trèfle.

Nos os claquaient dans le vent froid.

Tu n'as réchauffé que nos morts

Tu n'as engraissé que les vers

Ma terre


Maintenant je te sais tapie

Sous les brumes de l'horizon

Entre le ciel et la mer

Je n'ignore pas que tu me guettes

Ma terre


Mais les vents du Nouveau Monde

Gonflent ma chemise

Comme une voile qui me pousse

Vers les grandes plaines.


Cesse de me narguer : si mes yeux rougissent

C'est le soleil qui se lève

A l'ouest

Sur de nouvelles terres.




 

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3 mai 2013 5 03 /05 /mai /2013 10:00

 

http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/666/baobab_06.jpg

Certains hommes sont comme des baobabs

Laur sagesse semble née

De toute éternité...

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2 mai 2013 4 02 /05 /mai /2013 10:00

Il fallait -c'est obligé- il fallait les arrêter.
Quel scandale! Ils couraient entre les voitures stationnées.
Quel vacarme! Ils fredonnaient, tôt et tard, les chants que le vent leur soufflait
Quel culot! Ils tapaient l'épaule des passants d'un geste familier
En les appelant "vieille branche"
ça ne pouvait plus durer, non, plus durer
Le maire a dit, il faut
Immédiatement
Les bailloner,
Les ligoter
Les enfermer
Les camisoler de force
Définitivement!

Sur la place du village
Bien en ordre les voitures sont garées
Sagement, les arbres restent immobiles et muets
Mais sur nos pare-brise, ils laissent tomber,
Comme des messages
Vides de mots,
Leurs feuilles
Mortes.

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 10:00

 

Il y eut un matin

 

-Il n’est pas de terre qui ne puisse être découverte.

Réveille-toi, Eve, le monde s’ouvre à toi.

 

Eve se réveille d’un songe brumeux

Souvenirs évanescents

A peine esquissés, de rire

D’inquiétude

Et d’une infinie tristesse qui noue.


La voix de Dieu résonne encore en elle :

« Va, Eve, le monde s’ouvre à toi »

 

Eve secoue ses membres engourdis

Elle se découvre humaine

Elle découvre l’espace.

 

Il y eut un soir, il y eut un matin.

 

Le soleil chaud irrigua le corps d’Eve

Et fit monter la sève.

Les étoiles envahirent les yeux d’Eve,

Et lui offrirent les mondes qui n'existent qu'à peine.


Elle vit que cela était bon.

 

Il y eut un soir, il y eut un matin.

 

Eve apprit

Les fleurs qui s’étonnent

De répandre tant de parfum et de mourir

Si vite

L’océan noir et mystérieux

Qui se bleuit de mer

Et revient

Inlassablement

Poser

Sa question

A la terre.

Les nuages qui s’étendent et courent à perdre

Haleine

Après l’horizon.


Elle vit que cela était beau.

 

Il y eut un soir, il y eut un matin.

 

Eve travailla, aima, peina, recommença…

 

Il y eut d’autres soirs, beaucoup d’autres matins.

 

Eve se réveillait, Eva se fatiguait, Eve se rendormait.


Alors il y eut les doutes,

La longue attente,

Puis l’évidence :

Le vide cria son nom.


Eve chercha

Aux bouts et aux creux du monde.

Rien

 

Eve questionna

L’oiseau qui porte son regard si loin

La grande mère qui a tout vécu

Le vent qui devrait tout savoir.

Rien

Frémissante de colère, tendue de désespoir

Elle interpella Dieu.

Dieu était-il absent?

Ne voulait-il pas lui répondre?

Eve n'entendit rien.


Au bout de sa recherche, elle explora son cœur

Et Eve enfin trouva :

Une tombe.

Eve s’agenouilla et creusa de ses mains

La terre

Elle découvrit des os

Un homme lointain

Alors elle se souvint de la tristesse qui noue

Des rires et de la plénitude

De son rêve évanescent.


Elle se souvint du mensonge de Dieu.


Et sur la tombe ouverte comme une plaie qui saigne

Eve amèrement pleura.

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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 10:00

 

Il y a eu pas de temps

Il y a eu pas d'espace

Et les paupières d'écailles s'ouvraient sur un monde saillant

Il y a eu pas d'autre, étranger

 Il y a eu pas de pas de tes pieds

 Et la pluie touchait plus de feuilles que de peaux

 

rien de Rien ne savait compter

Il y a eu pas de mort

Mais des fulgurances

Mais des cornes en abondance

Glissaient sous les eaux, dessus

S'accrochaient

Et les branches s'inclinaient

.

Il y a eu pas de temps

Il y a eu pas d'espace

Mais la lumière                        
raccourcissait l'obscurité

.
La lumière                               
traversait l'absence de tes sommeils

.
La lumière                               
tournait dans des cieux plus larges que le creux de ta main

.
La lumière                              
réveillait ta peau lourde de faim

             Et ta force comme une attente

.
La lumière                              
murmurait à ton oreille la question de tes enfants

.
 

Il y a eu le passé, l'avenir

Il y a eu ailleurs, ici

Il y a eu les pas de tes pieds

Et ta main

Qu'il suffirait de fermer

                       Ou d'ouvrir

 

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 09:00

Le jardinier attend de récolter...

http://cache2.allpostersimages.com/p/LRG/16/1650/TAZGD00Z/affiches/walker-garret-le-semeur.jpg

Mais le sage a dit  : "Sème des graines

Même si tu sais être mort avant de les voir seulement germer"

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 22:55

Ne perdons pas espoir dans les graines que nous avons semées.

Elle savent attendre leur printemps

Pour enfin germer.

 

http://www.salamandre.net/files/cached/shared/QR_herbe_255_300.jpg

 

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 20:27

Les graines du désert savent attendre la pluie

longtemps

Mais ne tardent jamais à fleurir.

 

http://3.bp.blogspot.com/_95S4RWfRY94/SOu97MrNAgI/AAAAAAAAAAY/y_eftFbkHwQ/s400/fleur+du+desert

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 09:01

La poussière des déserts a pris la place du vivant.

Un jour, la pluie s'est renversée, elle a aspiré l'eau de la source qui toquait au fond de la jarre.

Elle a racorni la frêle poussede manioc.

Elle a bu leur lait aux mamelles des vaches, sucé leur sang, fait saillir leurs os jusqu'à ce que leur langue s'effrite.

Elle a asséché toutes leurs peaux, mordu la chair des enfants remâchée séchée comme celle des vieillards et seuls leurs grands yeux noirs disaient leur innocence.

Elle a tourné autour du grand baobab et son rire de hyène a creusé plus profond le trou des serpents sourds.

Le grand arbre s'est fissuré de mille crevasses saignantes, il a bruni de mille feux muets, il s'est envolé en mille mouchesde poussière qui ont rejoint le courant dela lente aspiration de pluie sèche.

Les nuées ont assombri le ciel pour des siècles de mort .

Mais les siècles ne durèrent qu'un instant infime puisque personne n'était là pour les compter.

D'où venaient-ils, les voyageurs? Quelle force les avaient poussés à traverser ces terres où la mémoire même s'était perdue?

Ils avaient le dos courbé, la tunique rêche, les yeux rouges d'avoir autant creusé la route. Nul ne peut savoir d'où ils venaient. Mais celle qui les guidait avait la tête altière, le poing frémissant qui protégeait les dernières graines du monde. C'est ce qu'on dit. Elle savait encore pleurer des larmes de sel et d'eau, elle avait encore des lèvres pour sourire et des cheveux pour tomber en cascades.

Lorsqu'ils se sont arrêtés, les voyageurs, ils ont entouré leurs compagnons de leurs bras grêles et chacun d'entre eux, tour à tour, a murmuré son nom a l'oreille de son voisin, pendant que les mouches de cendres les encerclaient, pour qu'il s'en souvienne jusqu'au bout.

La nuée noire a crié, hurlé, tonné, brûlé, longtemps, des siècles peut-être. Mais lorsqu'elle a fait silence, ce sont ces noms qui ont flotté dans le ciel aussi nu qu'une flaque après l'ondée. C'est ce qu'on dit.

Elle s'appelait Ridgeal. Elle a ouvert son poing frémissant et les graines ont suivi les quatre vents jusqu'aux creux où se blottir. Une averse douce a caressé la terre qui s'est remise à parler le langage des hommes. C'est ce qu'on dit. On dit aussi qu'il ne faut pas l'oublier.

Les photos en noir et blanc sont de Sebastiao Salgado

 

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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 10:00

 

Nul n'est protégé par ses visibles défenses...

 

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