Attention, humour noir
-Oh ! Regardez-le, ce petit, comme il est mignon ! Et ces joues toutes rondes ! Des pommes d'amour, il est à croquer. Viens, mon chéri, viens me faire la bise…
Et gnagnagna. Ah, ça ! Quand la mamie du dessous parle au môme du dessus, ça vire vite à la guimauve. Un amour… un sale gosse, oui ! Tous les soirs il joue la sérénade : « Maman, z’ai fait un chaussemar ; maman, z’veux pas dormir tout seul. » Et c’est parti pour une heure de pleurnicheries ! Vous allez me dire, c’est pas sa faute s’il fait des cauchemars. Oh ! C’est pas la mienne non plus, non ? En attendant, il m’empêche de pioncer, toutes les nuits. Ses parents aussi, oui. Mais ses parents je m’en fous ! Ils l’ont voulu, ils l’ont pondu, tant pis pour eux s’ils en bavent. Mais moi, j’ai rien demandé, j’ai jamais voulu avoir de môme, pas fou ! Va conduire un trente huit tonnes à cinq heures du mat’, quand t’as pas dormi trois heures dans ta nuit ! T’as plus l’attention qu’il faut au volant, tu t’énerves pour un rien… Oh ! J’tiens à ma peau, moi !
J’l’ai croisé hier dans l’escalier
-‘Jour monsieur ! , il m’a dit, avec un grand sourire. C’est toi le monsieur qu’habite dessous nous ?
-Ouais, p'tit, je lui ai répondu. Vrai, quand il sourit, il est chou. Ca change ! « A croquer », comme dit la vioque du dessous. Pas faux. Piqué à l’ail. Je m’suis régalé.